Se libérer des injonctions parentales pour une éducation inclusive avec Noémie Fachan #207
L’éducation inclusive est une approche éducative qui vise à offrir à chaque enfant un environnement, dans lequel il peut s’épanouir, indépendamment de qui il est. Cette démarche aide aussi à déconstruire les injonctions parentales, c'est-à-dire les pressions sociales qui dictent souvent comment élever les enfants, en fonction de leur genre, de leur condition sociale, ou d'autres facteurs. L’inclusivité permet ainsi de répondre aux besoins individuels des enfants, tout en luttant contre les discriminations et les préjugés.
Contrairement aux modèles traditionnels, cette démarche cherche à déconstruire les stéréotypes qui conditionnent souvent la manière dont les enfants sont perçus et éduqués. Elle privilégie la prise en compte des besoins individuels de chaque enfant, tout en promouvant l'égalité, le respect des différences, et la lutte contre les discriminations et les préjugés.
Cette vision inclusive est au cœur de l’engagement de Noémie Fachan, créatrice du personnage de Maedusa. À travers ses œuvres, elle interroge non seulement les biais éducatifs, mais aussi les injonctions parentales que subissent les parents, en particulier les mères, sur la manière d’élever leurs enfants. Son roman graphique Éduquer : Défi du monde d'aujourd'hui, aborde des thématiques liées à la parentalité, notamment l’éducation non genrée et les attentes sociales autour de la famille. Noémie revisite la figure mythologique de la méduse, qui symbolise la résistance face aux normes patriarcales et aux injonctions sociales. Elle propose des pistes pour une parentalité plus ouverte et bienveillante. Elle offre une réflexion précieuse pour bâtir un modèle d’éducation qui valorise toutes les formes de diversité.
L’éducation inclusive : remettre en question les normes genrées
Noémie Fachan soulève des questions essentielles autour des injonctions parentales liées au genre. Elle se demande : « Est-ce que j'assigne un genre à mon enfant ou pas ? ». C’est une question de plus en plus présente chez les parents aujourd'hui. En effet, les injonctions parentales tendent à imposer des rôles genrés dès la naissance, poussant les enfants à se conformer à des attentes prédéfinies, ce qui limite leur épanouissement personnel.
Noémie Fachan expose ainsi ses propres doutes, reconnaissant les difficultés à offrir une éducation libérée des stéréotypes :
« Est-ce que je suis en mesure d'éviter de donner une éducation genrée à mon garçon ou à ma fille ? ».
Cette interrogation met en lumière la manière dont les stéréotypes sont inculqués dès la naissance. Ils influencent non seulement le développement des enfants, mais aussi la façon dont ils se comportent et interagissent avec les autres. Une éducation inclusive cherche à ne pas enfermer les enfants dans des cases prédéfinies en fonction de leur sexe, afin de leur permettre de se développer librement, selon leurs propres goûts et aspirations. Cela revient à remettre en question les attentes traditionnelles qui entourent les rôles des garçons et des filles.
Exemple de stéréotypes genrés
Dans l'épisode, Noémie Fachan raconte comment, au CP, l’amitié entre un garçon et une fille a été immédiatement romantisée par les élèves plus âgés : « les grands de CM2 repèrent les garçons et les filles qu'ils étiquettent comme des amoureux, que ce soit, entre guillemets, le cas ou pas ». Cette tendance à « sur-romantiser » les relations entre garçons et filles, dès le plus jeune âge, reflète une imposition sociale qui conditionne les enfants à adopter des comportements genrés, limitant ainsi la richesse et la liberté de leurs interactions.
C'est typiquement une projection hétérocentrée sur les amitiés garçon-fille. De tels regards sur les relations entre garçons sont absents : « on ne fait absolument pas ça de petits garçons qui jouent ensemble », car la société refuse d'imaginer une quelconque romance entre eux à cet âge. Cet état de fait révèle ainsi une double norme fondée sur des stéréotypes hétéronormatifs.
Exemple d'injonctions parentales et sociétales liées au genre de l'enfant
Autre exemple et conséquence de ces normes genrées, l’éducation donnée aux filles et aux garçons en matière de sécurité et de responsabilité face aux violences est complètement différenciée. Noémie explique qu’en tant que mère potentielle d’une fille, elle la suppliera de faire attention. Car la société impose aux filles une vigilance constante face aux violences masculines, une vigilance inculquée très tôt.
Noémie Fachan ajoute qu'en tant que personne perçue comme femme, elle a porté cette charge de devoir elle-même faire attention à la violence masculine, à ne pas être agressée. L'injustice se poursuit lorsqu'en cas d'agression, la victime se voit reprocher d'avoir été présente au mauvais endroit. La culpabilisation des victimes est très facile et s'inscrit dans ce schéma de société patriarcale où les garçons échappent aux normes de vigilance.
Noémie Fachan se fait porte-parole de ces adolescentes qui se rebellent contre ces mères qui leur disent de faire attention :
« ce que j'aimerais, c'est que l’on dise surtout à mon cousin, quand il part en soirée, de faire attention à ne pas agresser, de faire attention à respecter le consentement, de faire attention à ce que l'alcool, la fête, l'ivresse et les hormones ne créent pas cette situation où les garçons se permettent d'outrepasser le consentement, d'« objectiser » les filles, réifier comme on dit en bon français, et puis de dépasser les limites. ».
Et même si ce discours de « mettre la pression aussi sur les garçons pour qu’ils fassent attention à ne pas agresser » est globalement bien reçu, il connaît encore beaucoup de résistance. Certains ne se privent pas d'argumenter que c'est considérer que tous les garçons sont des agresseurs potentiels.
« Mais les garçons, dans une société patriarcale qui les pousse à outrepasser le consentement des femmes bien plus qu'à le respecter, sont des agresseurs potentiels », répond Noémie. Donc, il n'y a aucune raison de dire aux victimes de faire l'impossible et de ne pas demander aux agresseurs potentiels d'empêcher de franchir cette ligne. C'est un drame pour tout le monde.
Quand un gamin qu'on adore, quand son fils, quand son neveu, quand son frère, enfin, voilà, quand un gamin qui, bien entendu, par ailleurs, a de super qualités, franchit cette ligne et devient un agresseur, c'est évidemment, avant toute chose, un drame pour la victime. Mais c'est... Enfin, moi, je me dis qu'en tant que mère d'un garçon, ça me détruirait aussi, quoi, au passage. Ce serait très compliqué pour moi de gérer ça. Donc, changeons les choses. »
L’inclusivité à travers le personnage de Maedusa : un symbole de diversité
Le personnage de Maedusa, central dans l’œuvre de Noémie Fachan, incarne une puissante résistance contre les injonctions patriarcales et les biais sociaux. Inspirée de la figure mythologique de Méduse, cette gorgone moderne revisitée est loin d'être le monstre redouté par les récits traditionnels. Au contraire, elle est présentée comme une victime de violences, stigmatisée par un système patriarcal qui la transforme en symbole de pouvoir refoulé.
Se réapproprier le récit de la méduse d'Ovide
Noémie Fachan explique comment elle a ressenti une profonde injustice en découvrant l’histoire de Méduse dans la mythologie : « Méduse n'a rien fait de mal. Méduse est transformée en monstre. Méduse est stigmatisée. Méduse est assassinée ».
On applaudit Persée : la narration en fait le héros, qui a débarrassé le monde du monstre Méduse. Or, à aucun moment, Méduse n'use de son pouvoir pétrifiant pour semer la terreur et prendre le pouvoir. « Le monstre, c'est Poséidon, le violeur. Ou bien le monstre, c'est Persée, le tueur de femmes, l'auteur de féminicide à la fin. À la limite, c'est Athéna qui, dans la version d'Ovide, a vraiment un rôle extrêmement non-sorore et qui est odieuse. Mais ce n'est pas Méduse. »
Cette réappropriation de la figure de Méduse permet à Noémie Fachan de dénoncer les violences systémiques et de poser un regard critique sur le rôle imposé aux femmes dans l’histoire.
Sortir l'éducation des stéréotypes
En déconstruisant les modèles familiaux traditionnels et les injonctions parentales qui les accompagnent, Noémie Fachan montre comment une éducation inclusive peut élargir la vision de la parentalité. Les familles queers, monoparentales ou non conventionnelles sont souvent stigmatisées à cause de ces injonctions sociales. Noémie Fachan nous invite à reconnaître la diversité des expériences familiales.
À travers Maedusa, elle donne une voix à des personnages marginalisés dans les discussions éducatives et sociales. Son œuvre met en lumière « des gorgones queers, des mamans lesbiennes, une maman handicapée... ». Elle élargit ainsi la représentation des familles et des formes de parentalité. Ce choix permet de sortir des représentations stéréotypées et de reconnaître la diversité des expériences familiales et éducatives. Maedusa devient alors un symbole de féminisme et d’inclusivité. Elle offre un espace d’expression aux personnes souvent invisibilisées dans les récits dominants.
En intégrant ces différentes figures, Noémie Fachan fait de Maedusa une gorgone d’aujourd’hui, une figure qui reflète les luttes contemporaines pour l’égalité et l’inclusion. Elle raconte comment « les personnes coiffées de serpents » dans son univers représentent « les personnes aux prises avec le sexisme », qu'il s'agisse de femmes ou de membres de la communauté LGBTQIA+. Cette diversité est au cœur de l’approche inclusive défendue par l’auteure, et son impact va bien au-delà du simple cadre de la parentalité.
En présentant des histoires où les modèles familiaux traditionnels sont remis en question, elles encouragent les lecteurs à accepter et célébrer la diversité. Cette vision inclusive contribue à déconstruire les normes rigides qui entourent encore aujourd’hui les concepts de famille, de genre et de parentalité. Elle permet de reconnaître la légitimité de chaque modèle, sans hiérarchisation ni jugement. Elle témoigne ainsi d'un retour qui lui a été fait : « j'ai filé la BD à ma mère, qui l'a lue dans le train. Et en sortant du train, elle m'a envoyé un SMS me disant, en fait, aujourd'hui, je sais qu'un homme transgenre peut être enceint, j'avais jamais réfléchi à ça ».
Déconstruire les injonctions parentales dans une éducation inclusive
À travers Maedusa, Noémie Fachan déconstruit les injonctions parentales qui pèsent notamment sur les femmes, comme celle qui les pousse à devenir mères. Elle met en lumière la pression sociale qui conditionne la maternité comme un passage obligé. Maedusa se pose cette question essentielle : « Est-ce que je veux vraiment des enfants ou est-ce le résultat d’un formatage social ? ». Cette interrogation reflète la difficulté pour beaucoup de femmes de se libérer des injonctions parentales qui dictent qu’une femme doit avoir des enfants pour être pleinement réalisée.
Le dilemme posée par cette question illustre le poids des normes sociales. Elles conditionnent les femmes à envisager la maternité comme un aboutissement naturel et inévitable, sans nécessairement interroger ce désir à un niveau personnel.
« Comment savoir si on veut vraiment un enfant ? » est d'ailleurs un sujet qui avait été abordé avec Mathilde Bouychou au micro des Adultes de Demain.
Une éducation inclusive ne peut se contenter de s’adresser uniquement aux enfants. Elle doit également s’attaquer aux injonctions sociales imposées aux parents, en particulier aux femmes, qui sont souvent perçues comme responsables premières de la parentalité. Noémie Fachan illustre, à travers Maedusa, les contradictions internes auxquelles les femmes font face lorsqu’elles s’interrogent sur leur désir ou non de devenir mères.
« Elle a peur de regretter de ne pas en avoir, mais elle a aussi peur de regretter de sauter le pas et de devenir maman », confie Noémie Fachan en parlant de son personnage. Cette double contrainte reflète la tension entre les aspirations individuelles et les attentes collectives qui poussent les femmes à entrer dans la maternité, même lorsqu’elles ressentent des doutes.
L’inclusivité dans l’éducation doit aussi permettre de questionner la norme qui veut qu’une famille ne soit complète qu’avec plusieurs enfants. À travers ses réflexions, Noémie Fachan aborde le fait que la pression de la société ne s’arrête pas à la simple décision d'avoir un enfant. En effet, les parents sont souvent soumis à une autre injonction : celle d’agrandir leur famille. Les tickets famille pour entrer dans certains parcs d'attraction en sont une illustration. Dans ce type d'offre, on n’est finalement considéré comme une véritable famille qu’à partir du moment où l’on a au moins deux enfants. Un exemple parmi d'autres qui renforce une vision normative de la parentalité, qui exclut et stigmatise les choix alternatifs.
Dans une éducation inclusive, il est essentiel de valoriser toutes les formes de parentalité, qu'il s'agisse de familles avec un enfant, de familles nombreuses, ou même de celles qui choisissent de ne pas avoir d’enfants. En interrogeant ces pressions sociales à travers ses romans graphiques, Noémie Fachan propose une vision de la parentalité où chaque individu est libre de définir son propre chemin, sans se conformer aux attentes extérieures.
Politiser l'éducation inclusive pour se libérer des injonctions parentales
Pour Noémie Fachan, politiser l'éducation signifie aussi reconnaître que les injonctions parentales sont des constructions sociales qu'il est important de déconstruire. Qu'il s'agisse de la grossophobie ou des pressions liées au modèle familial idéal, ces injonctions créent des schémas nuisibles qui affectent autant les parents que les enfants.
Politiser l'éducation permettrait de traiter en profondeur les problématiques sociales qui affectent le développement des enfants. Politiser l'éducation ne signifie pas imposer des idéologies aux enfants, mais plutôt adopter un regard critique et systémique sur les normes sociales et les discriminations qui les touchent, afin de les déconstruire.
Comment une courbe de poids peut impacter l'éducation
L'exemple de la grossophobie, une discrimination fondée sur l'apparence physique et le poids, illustre particulièrement bien cette nécessité de politisation. D’autant que dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés à des injonctions liées à leur apparence, notamment par le biais de la surveillance médicale stricte de leur courbe de poids.
Dans l'épisode, Stéphanie d'Esclaibes témoigne d'ailleurs de cette pression, qui peut s’exercer très tôt, même pour des bébés : « depuis qu'il est né, on m'embête sur sa courbe de poids... parce qu'il est trop mince », bien que cela ne présente aucun risque pour sa santé. « C'est vraiment juste qu'il faut bien qu'il coche toutes les cases ». Ce type de pression médicale, si elle n’est pas questionnée, peut facilement devenir une obsession pour les parents et créer des complexes chez les enfants, qu'ils soient perçus comme trop minces ou en surpoids.
Entre injonctions sociétales et santé mentale, que choisir ?
Parallèlement, notre société impose des standards de minceur, qui peut impacter le développement de l'enfant et la dynamique familiale. Dans son livre, Noémie Fachan évoque le cas d’une mère inquiète pour sa fille en surpoids. Cette dernière commence à « se replier sur elle-même à cause des injonctions à la minceur ».
Cette mère, comme tant d’autres, se retrouve confrontée à un dilemme : pour protéger sa fille du harcèlement et des violences grossophobes, elle envisage de la faire maigrir à tout prix. « Il faut qu'elle soit mince à tout prix. Il faut que je prenne en charge son alimentation, le sport », pense-t-elle. Pourtant, une telle approche n'est pas sans danger. Elle risque d’engendrer des troubles du comportement alimentaire et de détruire l’estime de soi de l’enfant à long terme.
Pour Noémie Fachan, ce problème dépasse largement le cadre individuel. Elle insiste sur le fait que « la minceur à tout prix n'a jamais été une solution ». Les réponses individuelles, comme les régimes forcés ou le contrôle strict de l'alimentation, ne sont que des pansements sur un problème bien plus vaste, qui est celui de la grossophobie systémique. P
Pour Noémie Fachan, il est urgent de « lutter collectivement contre la grossophobie », car cette discrimination se transmet de génération en génération, comme elle l'explique en partageant son propre vécu familial : « Je suis la fille d'une femme qui a été en lutte avec son poids toute sa vie, qui elle-même était la fille d’une femme en lutte avec son poids toute sa vie ».
C’est pourquoi politiser l'éducation est essentiel. Il ne s'agit pas simplement de trouver des solutions individuelles pour chaque enfant ou chaque famille, mais de remettre en question les normes sociales qui perpétuent ces discriminations et de les traiter à un niveau collectif et systémique. Cela passe par une prise de conscience sociale et des actions visant à transformer les mentalités. Noémie invite à « militer » en lisant des œuvres féministes, en échangeant avec d’autres parents et en s’engageant dans des discussions politiques autour de l’éducation.
Politiser l’éducation, c’est aussi enseigner aux enfants la diversité des corps, des identités et des vécus, afin de créer une société plus inclusive et bienveillante. L’enjeu est de leur permettre de grandir dans un environnement où ils ne seront pas jugés ou discriminés sur la base de leur apparence ou de leur poids. En inculquant des valeurs d'inclusion dès l’enfance, nous pouvons contribuer à déconstruire ces normes toxiques et permettre aux enfants de s’épanouir sans crainte du jugement ou des moqueries.
Une société qui soutient la parentalité
Une société qui soutient la parentalité doit d’abord reconnaître les injonctions parentales auxquelles les parents sont confrontés quotidiennement. Que ce soit le jugement sur l’apparence des enfants ou les attentes irréalistes autour de leur comportement en public, ces injonctions renforcent la pression sur les parents. Elles créent un sentiment d’isolement. Noémie Fachan propose de dépasser cette vision individualiste en offrant un soutien collectif aux familles.
Dans son roman graphique, Éduquer : Défi du monde d'aujourd'hui, Noémie Fachan illustre cette réalité à travers l’exemple d’une mère dans un quartier populaire. Cette dernière passe ses journées dehors avec ses enfants, faute de place dans son logement. Cette mère, comme beaucoup d'autres, doit jongler avec des attentes irréalistes :
« on tolère les enfants, mais s'ils sont sages comme des images », explique-t-elle.
Dès que ses enfants deviennent bruyants ou prennent trop de place, cette maman subit des regards réprobateurs et des critiques sur sa capacité à les contrôler. Si cette mère « pète un peu les plombs » et élève la voix pour rétablir l’ordre, elle est immédiatement condamnée par l’opinion publique. Ces jugements sont souvent d’autant plus durs si elle est précarisée ou racisée, car elle subit alors des biais supplémentaires.
Noémie Fachan met en lumière la manière dont notre société hyper-individualiste contribue à isoler les parents, plutôt que de les soutenir. Dans les lieux publics, au lieu de recevoir de l’aide ou de la bienveillance, les parents sont souvent laissés à eux-mêmes pour gérer des situations difficiles avec leurs enfants.
« On serait dans une société qui va bien », suggère-t-elle, « on va un peu tour à tour occuper les enfants, et puis ça va bien se passer ».
Ce modèle d’entraide, où les adultes présents prendraient collectivement en charge les enfants pour permettre aux parents de souffler, semble presque utopique dans notre société actuelle, où l’individualisme prime.
Ce constat rejoint celui de Boris Cyrulnik dans l'épisode sur la carence affective chez l'enfant, lorsqu'il explique qu'il faut un village pour élever un enfant. Il fait également écho à l'exemple donné par Isabelle Filliozat dans l'épisode sur l'éducation positive, sans violence ni laxisme, lorsqu'elle aide un enfant à faire ses devoirs dans le train.
Une société qui soutient véritablement la parentalité repose sur un changement de mentalité. Dans une éducation inclusive, il est essentiel d’intégrer l’idée de solidarité collective dans les espaces publics. Plutôt que de juger les parents, il s’agirait de proposer un soutien tangible, prenant en compte la réalité de leur quotidien.
Transformer les lieux publics en espaces d’inclusion où les enfants sont acceptés pour ce qu’ils sont – bruyants, énergiques, curieux – sans que cela soit perçu comme une nuisance, pourrait permettre de créer un environnement plus accueillant pour les familles. Ce changement impliquerait également de repenser les interactions sociales dans les lieux communs pour offrir un véritable soutien aux parents, qu’il s’agisse de proposer des espaces adaptés ou simplement d’adopter une attitude bienveillante envers eux et leurs enfants.
Une approche inclusive ne doit pas seulement s’appliquer aux enfants, mais aussi aux personnes ayant des besoins spécifiques, comme les personnes neuroatypiques. Noémie Fachan partage un exemple personnel à ce sujet, en évoquant son partenaire, qui est particulièrement sensible au bruit. Pour lui, un environnement bruyant peut devenir une source de stress insupportable. Dans une société inclusive, une personne ayant des besoins spécifiques devrait « pouvoir aussi avoir un endroit où se réfugier qui soit véritablement calme ». Un équilibre entre ces différents besoins permettrait de créer des espaces plus tolérants et inclusifs, pour tous.
Noémie Fachan, à travers son œuvre et son personnage de Maedusa, nous invite à repenser profondément notre approche de l'éducation et de la parentalité. En prônant une éducation inclusive, elle met en avant des réflexions nécessaires pour déconstruire les stéréotypes de genre, les injonctions sociales liées à la parentalité, et les discriminations telles que la grossophobie.
Son engagement va au-delà des simples réflexions éducatives ; il s'agit d'une invitation à politiser l'éducation pour mieux comprendre et lutter contre les systèmes de pouvoir et de domination qui influencent nos choix et comportements dès l’enfance.
Son roman graphique, Éduquer : Défi du monde d’aujourd’hui, s’adresse à un large public. Que vous soyez parent, éducateur, ou simplement curieux des questions d’inclusivité, cet ouvrage propose des pistes de réflexion éclairantes sur les enjeux actuels de la parentalité et de l'éducation. Son œuvre, accessible à différents niveaux de lecture, peut également être partagée avec des adolescents, en fonction des discussions qu'elle peut susciter sur des sujets aussi variés que le genre, la famille, et la diversité.
Se libérer des injonctions parentales est une étape clé vers une parentalité plus épanouie et plus inclusive. En prônant une éducation qui valorise la diversité et déconstruit les stéréotypes, Noémie Fachan ouvre la voie à une nouvelle vision de la parentalité. Une parentalité, où chaque parent est libre de définir son propre chemin sans se conformer aux attentes sociales.
Références :
Éduquer : Défi du monde d'aujourd'hui - Et si élever un enfant, c'était aussi s'élever soi-même ?, Noémie Fachan, Hatier Parents, 2024
Maternités : miracles et malédictions - Portrait pour questionner les injonctions à la parentalité, Noémie Fachan, Hatier Parents, 2023
L'oeil de la Gorgone - 22 figures mythologiques sous un regard féministe, Noémie Fachan, Leduc Graphic, 2023
Pour rejoindre la communauté des Gorgones et Gorgons de Noémie sur Instagram : Maedusa_gorgon
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