Les Adultes de Demain

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Vêtements écoresponsables pour enfant : l’engagement durable d’Arsène et les pipelettes avec Chloé de Bailliencourt #202

Alors que les enjeux écologiques ne peuvent plus être ignorés, le monde de la mode, comme d’autres industries, est appelé à se réinventer. L'habillement, et plus particulièrement celui dédié aux enfants, fait face à un défi de taille : comment proposer des vêtements beaux et de qualité tout en respectant la planète ? Chloé de Bailliencourt, fondatrice de la marque Arsène et les Pipelettes, s'est engagée dès 2005 dans cette voie exigeante. Forte d'une tradition familiale dans le textile, elle a su allier passion, savoir-faire et éthique pour créer une marque pionnière de vêtements écoresponsables pour enfant.

Arsène et les Pipelettes, avec ses collections empreintes de légèreté et de fraîcheur, incarne une alternative durable à la fast fashion. Chloé de Bailliencourt propose des vêtements qui respectent les enfants, celles et ceux qui les fabriquent et l'environnement.

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Comment est née la marque Arsène et les Pipelettes ?

L'histoire d'Arsène et les Pipelettes est intimement liée à l'héritage familial de Chloé de Bailliencourt, dont la passion pour la mode a été transmise dès son plus jeune âge. Son grand-père, fondateur de la marque Petit Boy, a ancré dans la famille un savoir-faire et un amour pour le textile

Au micro des Adultes de Demain, Chloé Bailliencourt se souvient de son enfance marquée par des visites dans les usines de tricotage. Elle évoque l'odeur du coton et de la laine mêlée à la chaleur des machines. Cela a profondément influencé ses premières perceptions de la mode.

« Je me souviens quand je rentrais dans cette usine de tricotage où on faisait les pulls. [...] C'est quelque chose de très étonnant. Je ne pourrais pas vraiment définir cette odeur, mais rien que d’y penser, ça me remet vraiment dans quelque chose de très particulier. »

Pour autant, cette madeleine de Proust ne fut pas synonyme d’une voie toute tracée dans le monde de la conception et fabrication de vêtements. Certes, Chloé de Bailliencourt aimait la mode, mais elle envisageait plutôt une carrière en droit international. C'est seulement lors d'une discussion avec son père, en terminale, que l'idée de faire de la mode son métier a pris forme : « Mon père, qui était quand même très très occupé, tout d'un coup me dit ‘mais il faut que tu fasses de la mode !’ ».

Cette impulsion l'a menée à Paris, où elle a suivi un parcours étudiant dans des écoles prestigieuses : classe prépa à Penninghen, puis l'ESAA Duperré et la Central Saint Martins School of Art and Design.

Après avoir terminé ses études, Chloé et son mari décident de quitter Paris pour s'installer sur la Côte Basque. C'est dans ce nouvel environnement, loin de l'effervescence parisienne, que la marque Arsène et les Pipelettes voit le jour en 2005

Pour Chloé Bailliencourt, créer une marque de vêtements pour enfants s'impose comme une évidence, nourrie par son expérience et son héritage familial : « Je connaissais les fournisseurs, ça me semblait évident. » Ainsi, Arsène et les Pipelettes est née, avec l'objectif de proposer des vêtements écoresponsables pour enfant, qui allient qualité, esthétisme et éthique, dans un esprit de légèreté et de fraîcheur, fidèle aux valeurs familiales et à l'environnement paisible du Pays Basque.

Comment produire des vêtements écoresponsables pour enfant ?

Dès le début de l'aventure Arsène et les Pipelettes, Chloé de Bailliencourt a fait le choix d'une production éthique et locale. Les vêtements sont dessinés par Chloé et son équipe au Pays Basque. C’est généralement au niveau de la fabrication que les choses peuvent être plus délicates. 

Chloé a donc privilégié des fournisseurs situés au Portugal, pays européen qui compte de nombreux ateliers de confection. Ce choix s'explique par une volonté de garantir à la fois la qualité des vêtements et le respect des conditions de travail des personnes impliquées dans la fabrication. En effet, le choix de produire en Europe offre plus de garanties en matière de traçabilité et de respect des droits des travailleurs. Contrairement à d'autres régions du monde, où les conditions de travail peuvent être difficiles à tracer, la production européenne permet à Chloé de Bailliencourt de s'assurer que les vêtements sont fabriqués dans des conditions justes et équitables

En complément de la production portugaise, une partie des vêtements est également fabriquée en Inde, où la marque veille à ce que les usines respectent les normes GOTS. La certification GOTS (Global Organic Textile Standard) garantit que les pratiques éthiques sont maintenues même à l'international : « Le GOTS, ça englobe beaucoup plus de choses que le coton bio », explique Chloé de Bailliencourt.

Le label GOTS assure un suivi rigoureux du champ de coton jusqu'au vêtement final. Il impose de respecter des normes strictes en matière de durabilité et de droits humains à chaque étape de production : interdiction du travail des enfants, des pesticides, rémunération correcte des ouvriers et ouvrières.

Pourquoi acheter des vêtements écoresponsables pour enfant ?

Acheter moins, mais mieux

Acheter des vêtements écoresponsables pour enfants, comme ceux proposés par Arsène et les Pipelettes, est un choix qui va bien au-delà de l'achat d'un simple vêtement. C'est un acte de responsabilité envers la planète, les travailleurs du textile et les enfants eux-mêmes.

Comme nous l’avons vu, choisir des vêtements écoresponsables signifie :

  • soutenir une production respectueuse de l'environnement ;

  • garantir des conditions de travail justes pour les personnes qui fabriquent ces vêtements. 

Opter pour des vêtements écoresponsables, c'est aussi inculquer aux enfants des valeurs de durabilité et de respect. Contrairement à la fast fashion, qui encourage la consommation rapide et jetable, Chloé de Bailliencourt a souhaité proposer, dès le départ, des vêtements de qualité, conçus pour durer et être transmis. Cette approche enseigne aux enfants l'importance de prendre soin de leurs affaires et de privilégier la qualité sur la quantité

« Pour moi, le fléau, c'est la fast fashion », affirme-t-elle. « C'est le fait d'acheter un body, un tee-shirt, une robe, qui au bout de quelques lavages est tout distendu, tout foutu, tout abîmé, ou est passé de mode et qu'on met à la poubelle. Pour moi, c’est ça le danger. »

Chloé de Bailliencourt défend une approche où l'on achète moins, mais mieux, en privilégiant des vêtements durables. Ce sont des habits qui résistent à l'épreuve du temps et qui peuvent être transmis d'un enfant à un autre. Elle rappelle d'ailleurs qu'il fut un temps où les vêtements étaient soigneusement choisis, entretenus, et transmis aux petits frères ou cousins : « Il y a une époque où il n'y avait que ça [et donc pas de fast fashion], en fait. Donc, on achetait peu, on en prenait soin, et on le transmettait aux petits frères, aux cousins. »

Acheter moins sans se départir du plaisir

La fast fashion répond à ce besoin de se faire plaisir sans se prendre la tête. Chloé de Bailliencourt reconnaît que cette notion de plaisir est importante, mais que « le plaisir n’est pas forcément associé à l’excès ». « Le plaisir peut être du beau et du choix précis ».

C’est d’ailleurs pourquoi, chaque collection d’Arsène et les pipelettes se veut une expression de son goût du beau et de la qualité, des valeurs qu’elle souhaite transmettre à travers ses créations.  « On essaie vraiment [...] d'apporter du beau, de transmettre notre goût de ce beau, de cette qualité, de ce toucher incroyable, mais aussi un peu de légèreté, un peu d'espièglerie », explique-t-elle. Elle souligne l'importance d'offrir des vêtements qui ne sont pas seulement fonctionnels, mais qui procurent également du plaisir à être portés.

Et parce que le choix réfléchi d’une consommation durable n’empêche pas une dose d’insouciance, cette dernière est insufflée dans l’esthétisme des vêtements. 

L'influence du cadre de vie au Pays Basque, où la marque est basée, se reflète naturellement dans le design des collections. Le paysage côtier, avec son atmosphère de bord de mer, inspire des créations empreintes de légèreté et de fraîcheur, qui évoquent un esprit d'insouciance et de simplicité. « On habite aux Pays-Basques, on voit la mer, il y a de la fraîcheur, de la légèreté, il y a un peu de l'insouciance, il n'y a pas du tout de prise de tête, je pense », précise Chloé, illustrant comment cet environnement unique nourrit la créativité de la marque.

Comment inviter les parents à acheter des vêtements écoresponsables pour enfant ?

Informer et éduquer sur le coût réel de fabrication des vêtements

Les habits qui répondent à une démarche sociale et environnementale respectueuse et durable affichent des prix moyen-haut de gamme. C’est un pouvoir d’achat que n’ont pas forcément toutes les familles. 

Pour autant, près de 20 ans après la naissance d’Arsène et les pipelettes, la marque est toujours présente dans plus de 15 boutiques en Europe et de nombreux points de vente. Pour expliquer cette longévité, alors que nombre de marques ont disparu pendant que d’autres voient le jour, Chloé de Bailliencourt explique avoir développé l’entreprise petit à petit. La marque a aussi réussi à trouver une clientèle qui l’apprécie, « qui a compris ce qu’on voulait apporter, qui a compris qu’on voulait apporter du beau, de la qualité. »

Sans aucun doute y’a-t-il une part d’information et d’éducation pour faire comprendre pourquoi un tee-shirt coûte 35 à 40 € et quelles sont les personnes qui pâtissent d’un prix à 5 € le tee-shirt. Concevoir et fabriquer un tee-shirt, c’est un processus complexe :

  • il faut faire pousser le coton ;

  • il faut le ramasser ;

  • il faut le tisser ;

  • il faut le laver ;

  • il faut le teindre ;

  • il faut le couper ;

  • il faut l'imprimer.

Il y a tellement d'étapes, explique Chloé de Bailliencourt.

Accompagner la seconde main et fidéliser

Les parents peuvent être réticents, surtout si leur pouvoir d’achat est réduit, à investir dans des vêtements dont les prix sont dans une tranche moyen-haut de gamme. D’autant plus qu’un enfant grandit vite et qu’il faut très régulièrement renouveler sa garde-robe.

Pour Chloé de Bailliencourt, l’important, c’est que ce cadeau de naissance, ce vêtement, peut-être uniquement porté pendant 3 mois, soit encore en bon état au bout de 10 lavages pour être donné, revendu ou repris

Ainsi, chez Arsène et les Pipelettes, la mise en place d’un service seconde main permet aux parents de rendre les vêtements de la marque, devenus trop petits. Ils récupèrent en échange un bon d’achat qui leur permet de racheter des vêtements dans la taille supérieure.

Si un tel service est possible, c’est parce que ces vêtements offrent une haute qualité et la possibilité de vivre plusieurs vies. Bien sûr, les parents peuvent aussi donner ces vêtements. Cette initiative favorise le recyclage des vêtements tout en sensibilisant les clients à l'importance de prolonger la durée de vie des produits. Elle va dans le sens des défis sociétaux et environnementaux auxquels jeunes et moins jeunes font face en ce XXIe siècle.

Proposer une mode moins genrée

Arsène et les Pipelettes se distingue également par son évolution vers une mode moins genrée, répondant ainsi à un besoin croissant de diversité et de liberté dans les choix vestimentaires des enfants. Au fil des années, la marque a progressivement adopté des collections plus mixtes, où les distinctions entre vêtements pour filles et pour garçons s'estompent. 

Vous pouvez écouter sur la question de l’éducation non genrée, l’épisode avec Aline Laurent-Maillart.

« Il y a aussi une évolution. Il y a 15 ans, je ne vous aurais pas dit la même chose, mais aujourd'hui, on est de moins en moins genré », explique Chloé de Bailliencourt. Par exemple, des pièces comme les sweatshirts sont désormais vendues autant aux filles qu'aux garçons. Cela répond à un désir croissant des enfants de s'habiller sans se conformer aux stéréotypes de genre traditionnels.

Cette évolution vers une mode plus inclusive s'accompagne également d'une réorganisation des boutiques, où les vêtements ne sont plus séparés par genre, mais par âge, favorisant ainsi une approche plus ouverte et flexible de la mode pour enfants. « Aujourd'hui, dans nos boutiques, on fait un coin bébé et un coin enfant », précise Chloé. Ce choix illustre la volonté de la marque de s'adapter aux nouvelles attentes des parents et des enfants, tout en restant fidèle à son esprit d'originalité et de créativité.

Innover en réparant

En matière d’économie circulaire, outre la réduction de la consommation des ressources naturelles et du gaspillage, il est question de réutilisation, de recyclage et de réparation.

Pour ce dernier point, Chloé de Bailliencourt imagine, dans un coin de sa tête, un projet d'atelier où les enfants pourraient apprendre à réparer leurs vêtements usagés. Ce concept, elle envisage de le développer dans les nouveaux locaux de la marque. Cela contribuerait à éduquer les plus jeunes à une consommation responsable.

« J'adorerais créer une sorte d'atelier où les enfants pourraient revenir avec leurs vêtements abîmés, troués, trop petits [...] et on leur apprend à coudre. » 

L'idée est non seulement de prolonger la vie des vêtements, mais aussi de transmettre aux enfants des compétences pratiques et un respect pour leurs affaires, renforçant ainsi la valeur de chaque pièce qu'ils possèdent.

Se questionner sur la pertinence des soldes

En parallèle, Arsène et les Pipelettes s'interroge sur la pertinence de la pratique des soldes, qui incite souvent à une consommation excessive et précipitée. Chloé de Bailliencourt explique réfléchir en termes de rentabilité plutôt qu’en termes de développement de chiffre d’affaires à tout prix. Ses doutes quant à la nécessité de brader les collections au bout de quelques mois, en décalage avec les saisons, font partie de cette réflexion. 

«… les gens ne savent plus quel est le bon prix, puisqu'ils attendent des soldes. [...] Est-ce que cette notion de solde a encore lieu d'être ?  Il n'a pas encore fait beau que les soldes arrivent, comme si une collection était complètement périmée au bout de six mois. Est-ce que nous, à notre échelle, on peut se permettre de ne plus faire de soldes ? » 

Chloé de Bailliencourt suggère une approche plus raisonnée, où les soldes seraient réellement réservées à la fin de la saison. Cela éviterait la dévalorisation prématurée des produits. Les consommateurs seraient encouragés à acheter en fonction de leurs besoins réels plutôt qu'à cause de remises attractives, mais artificielles.


En combinant ces initiatives et innovations, Arsène et les Pipelettes ne se contente pas de proposer des vêtements de qualité. La marque s'engage activement à éduquer ses clients, petits et grands, à une consommation plus durable. Et elle en profite pour questionner les pratiques courantes de l'industrie pour faire évoluer les mentalités vers un modèle plus respectueux de l'environnement et des ressources.

Autant d’éléments qui font qu’Arsène et les Pipelettes se distingue dans l'industrie de la mode pour enfants. C’est aujourd’hui une référence incontournable des vêtements écoresponsables pour enfant, ainsi que pour les femmes. Elle s’appuie sur son engagement envers des pratiques éthiques, la fidélité d'une clientèle consciente et exigeante, et son évolution vers une mode plus libre et moins genrée.

Et ne retrouve-t-on pas la quintessence de la marque au cœur du vœu formulé par Chloé de Bailliencourt pour les enfants, ceux qui deviendront les adultes de demain ?

« Je leur souhaite de prendre le temps de la vraie vie, je crois. Le temps de l'ennui. »

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