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Devenir l'expert de son bébé et comprendre ses pleurs avec Mélanie Bilodeau - #151

Mélanie Bilodeau, experte en périnatalité et petite enfance, nous aide à comprendre les pleurs du bébé et nous fait découvrir l’univers fascinant des nourrissons. Avec elle, nous explorons la perception sociétale du « bon bébé » et les idées reçues sur leur comportement. Elle souligne l'importance de la sécurité affective dès la naissance, et met en lumière le rôle primordial des parents dans le développement émotionnel et cognitif de l'enfant. Elle est l’autrice de Soyez l'expert de votre bébé.

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Mythes et réalités sur les comportements du bébé

Le bébé parfait l’est-il vraiment ?

Pour Mélanie Bilodeau, nous sommes encore dans une société où le bébé n’a pas sa place. S’il pleure, on va regarder si ses besoins de base ont été satisfaits (le change, l’alimentation, le sommeil). S’il continue de pleurer, on dira qu’il est chigneux au Québec ou qu’il chouine en France. On va l’étiqueter « bébé difficile ». Et on va donc chercher à le faire rentrer dans le moule du bébé parfait en cherchant à tout prix à faire cesser ses pleurs, afin qu’il réponde au culte du « bon bébé ».

N’est-ce pas une des premières questions que l’on pose aux nouveaux parents : « Est-ce un bon bébé ? Fait-il ses nuits ? Boit-il bien ? Ne pleure-t-il pas trop ? ».
On se croit peut-être chanceux si notre bébé ne dérange pas. Mélanie Bilodeau attire l’attention sur le fait que c’est plutôt le contraire. Car dans les faits, la majorité des bébés vont avoir à s’exprimer. Et s’ils peuvent s’exprimer librement, en gazouillant, mais aussi en pleurant, c’est parce qu’ils se sentent en sécurité, en confiance. Ce qui est plutôt bon signe. Quand Mélanie Bilodeau rencontre un bébé qui cesse de protester, de pleurer, ça la questionne énormément. Bien souvent, c’est un bébé qui n’a pas eu de réponse à ses besoins. Il a intégré que cela ne servait à rien de pleurer pour appeler l’adulte. 

Attention, certains bébés peuvent aussi être rapidement comblés et donc pleurer très peu. Ils peuvent avoir un tempérament joyeux et être faciles à décoder. La nuance est importante. 

Les bébés font-ils des caprices ?

Pour en revenir à la façon dont notre société perçoit les bébés, on voit encore trop d’adultes qui pensent que les bébés qui pleurent beaucoup font des caprices. Or, faire un caprice repose sur une intention, celle de manipuler la personne en face afin qu’elle se sente tellement mal à l’aise qu’elle finisse par céder. Imagine-t-on le nombre d’opérations cérébrales complexes que cela nécessite pour parvenir à son objectif ? Les personnes manipulatrices sont généralement des adultes, qui plus est très intelligents pour parvenir à leurs fins. Ils savent où appuyer, sur quelle corde sensible jouer. Manipuler l’autre demande une maturité cérébrale que le bébé n’a pas. Les bébés ne sont pas capables de faire des caprices. 

Ces comportements que l’adulte interprète souvent comme des tentatives de manipulation ou d’attention sont en réalité des moyens de communication des besoins fondamentaux du bébé. Un bébé est comme un petit mammifère qui est en mode survie, constamment. Son cerveau est primitif, comme il l’était déjà il y a deux millions d’années. Les bébés vivaient déjà des angoisses de séparation quand les parents s’éloignaient. Ils hurlaient pour qu’ils reviennent et le protègent. Le bébé du XXIe siècle ne sait pas que son environnement est bien moins dangereux que celui de son ancêtre. Il crie tout autant et ressent toujours cette angoisse de séparation… qui perdure pendant les 18 premiers mois de vie (et parfois au-delà chez certains enfants). 

Cette peur, elle est très intense. La difficulté en tant que parents, c’est donc de tomber dans l’adultomorphisme et de prêter des intentions à l’enfant avec des lunettes d’adulte. On revient à cette importance de se mettre à hauteur d’enfant comme l’expliquait Marion Cuerq

Comprendre les pleurs du bébé : comment faire ?

Se connecter à son bébé 

Le bébé est une personne à part entière, qui vit des émotions. Il a besoin qu’elles soient considérées. C’est pourquoi il est essentiel pour les parents de savoir les décoder. Comment faire sachant que le bébé n’est pas vraiment fourni avec un décodeur ?

La première étape consiste à se connecter à soi-même et à sa sensibilité parentale.

Pour décoder un bébé, mais aussi un adulte, il faut d’abord entrer en connexion avec l’autre. Il faut éprouver de l’empathie pour ce que l’autre vit, sinon, ce sera compliqué de le décoder. 

Établir cette connexion nécessite de se connecter à soi-même, à son empathie, à sa sensibilité de parent. Parfois, on parle d’instinct maternel ou parental, et certains parents s’inquiètent de ne pas l’avoir. Pour Mélanie Bilodeau, chaque parent a une parcelle de cet instinct en lui : il faut s’interroger sur ce qui résonne à l’intérieur de soi quand un enfant réagit. 

« Quand mon enfant pleure, me réclame, a un comportement, quelle émotion est-ce que cela me fait vivre ? Si je me connecte à cette émotion, alors je vais être sensible à mon enfant. C’est là que je vais être empirique et que je vais parvenir à le décoder », explique-t-elle. N’avez-vous jamais eu les boyaux qui se tordaient en entendant les pleurs de détresse de votre bébé ?

Pour autant, être aligné à 100% sur le besoin de son bébé relève de l’apprentissage. Le nourrisson n’envoie pas les mêmes signaux à trois jours de vie qu’à deux mois. Ces manifestations se précisent, se clarifient au fil du temps. 

Décoder la communication non-verbale du bébé

Certains se sont penchés sur un décodage relativement précis des pleurs du bébé. Vous pouvez à ce titre découvrir l’intervention d’Aurore Cubier sur le Dunstan Baby Language dans le podcast Bébé arrive. Néanmoins, les pleurs ne sont pas la seule méthode de communication d'un bébé. Comme Mélanie l'explique, « avant de pleurer, le bébé va nous exprimer toutes sortes de signaux ». Ces signaux non-verbaux peuvent inclure des gestes comme se frotter les yeux, bâiller, ou mettre les mains devant le visage. Ces manifestations sont des indicateurs précoces des besoins et des états émotionnels du bébé, tels que la fatigue, l'ennui ou l'envie d'être moins stimulé.

En tant que parents, développer une sensibilité à ces signaux non-verbaux est essentiel. Cela signifie non seulement répondre aux pleurs, mais aussi interagir avec le bébé de manière proactive pour répondre à ses besoins avant qu'il ne soit en nécessité de pleurer pour se faire entendre. 

Parmi les exemples de signaux envoyés par un bébé, il y a par exemple le fait qu’il s’endorme dans un contexte très bruyant, comme une fête de famille. Pourquoi s’endort-il dans de telles circonstances alors qu’à la maison, dans le calme, il n’y parvient pas aussi facilement. Sans doute parce que s’endormir dans le vacarme lui permet de se couper de stimulations trop importantes. 

En synthèse, les 3 conseils à retenir pour interpréter les comportements et donc parfois les pleurs de son bébé, c’est :

  • de l’observer, dans ses gestes, ses attitudes ;

  • de se connecter à lui, tout en gardant à l’esprit qu’une sur-stimulation pour un être dont le cerveau est encore immature peut être difficilement supportable ;

  • de se faire confiance comme parent.

Devenir l'expert de son bébé et comprendre ses pleurs

Qui mieux que le parent peut comprendre son bébé ? Pour Mélanie, quand on est parent, « l’expert de notre bébé, ce n’est ni l’infirmière, ni le pédiatre, ni la sage-femme, ni la belle-mère, ni tante Monique, c’est nous. »

Alors même si on ne se trouve pas toujours habile en tant que parent, même si cela donne du fil à retordre d’essayer de décoder ses enfants, les parents restent les mieux placés pour se connecter à leurs bambins, les comprendre et revendiquer leurs droits. 

Lorsque l’enfant ne souhaite pas être dans les bras de sa mamie, de sa tata ou de son oncle, c’est au parent d’écouter sa sensibilité parentale, d’observer, de remarquer qu’il détourne le regard, repousse belle-maman, etc. Et c’est donc au parent d’intervenir et d’expliquer qu’actuellement l’enfant a besoin des bras de sa mère ou de son père, qu’il a besoin d’un biberon ou d’une tétée.

Pour Mélanie Bilodeau, le parent doit s’affirmer comme expert, suivre son intuition pour répondre aux besoins de son enfant, qui ne seront peut-être pas les mêmes que ceux de son cousin. Lui aura, pourquoi pas, besoin d’un long allaitement, de cododo, etc. L’important, c’est d’écouter ce qui résonne en nous , plus que les conseils des autres et de se faire confiance. 

Comment apaiser les pleurs du bébé ?

Faut-il s’inquiéter quand bébé pleure ? 

Les pleurs sont une partie naturelle et essentielle de la communication des bébés. Mélanie Bilodeau nous rappelle qu'il convient de démystifier les pleurs. Ces derniers ne sont pas toujours un signe de détresse grave ou de mauvaise parentalité. Au contraire, ils sont souvent le moyen principal pour un bébé d'exprimer ses besoins et ses émotions.

Ce qui est nécessaire, c’est de savoir quand s'inquiéter et quand ne pas le faire. Des pleurs constants et inconsolables peuvent indiquer un inconfort physique ou une maladie, nécessitant une attention médicale. Cependant, des pleurs intermittents ou liés à des situations spécifiques (comme la faim, la fatigue, trop de stimulations) sont normaux et font partie du développement du bébé.

Comment trouver les origines des pleurs du bébé et y répondre ?

Mélanie Bilodeau conseille aux parents d'adopter des stratégies réfléchies pour répondre aux pleurs. Elle suggère d'abord de vérifier les besoins physiques du bébé : est-il nourri, propre, et confortable ? Si ces besoins de base sont satisfaits, il faut ensuite envisager d'autres causes, comme le besoin d'attention ou de réconfort.

Elle souligne l'importance de la réactivité parentale. Répondre rapidement et de manière cohérente aux pleurs du bébé renforce le sentiment de sécurité et aide à construire un lien fort entre le parent et l'enfant. Cela ne signifie pas céder à chaque pleur, mais plutôt comprendre la cause sous-jacente et y répondre de manière adaptée.

Il est bon de savoir que les pleurs en eux-mêmes n'ont pas nécessairement un impact négatif sur le cerveau du bébé, surtout s'ils sont accompagnés d'une réponse parentale adéquate. Le vrai problème se pose lorsque les pleurs sont prolongés et non accompagnés. Cela peut alors conduire à un stress accru et à la production de cortisol, une hormone associée au stress. Les pleurs accompagnée ne plongent pas le bébé dans un état de détresse.

Parfois, on n’a pas les moyens de répondre immédiatement aux pleurs de son bébé. Prenons un exemple : vous êtes en voiture et votre bébé pleure à l’arrière pendant que vous conduisez. Certes, vous ne pouvez pas répondre en prenant votre enfant dans les bras, mais vous pouvez quand même fournir un sentiment de réconfort, en parlant doucement à votre bébé, en touchant son pied… Ces attentions l’aideront à se sentir moins seul, plus en sécurité, à comprendre que vous l’avez entendu, même s’il pleure. 

A contrario, il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège de l'hypervigilance et de l'hyperparentalité. Les parents courent le risque de devenir excessivement anxieux à propos des pleurs de leur bébé. Cela peut avoir un impact négatif sur la santé mentale des parents. Ils peuvent se sentir constamment sous pression pour anticiper et répondre à tous les besoins de leur enfant. Il convient de trouver une juste équilibre : l’important est de s’assurer que les bébés et jeunes enfants sont accompagnés dans leurs pleurs, afin de leur offrir un sentiment de sécurité et de compréhension. L’objectif n’est pas de chercher à tout prix à éviter et calmer les pleurs immédiatement.

FAQ - Les pleurs du bébé

Le sommeil du bébé : quand le bébé fait ses nuits… ou pas

Qu’est-ce qu’un sommeil normal pour un bébé ?

Les habitudes de sommeil des bébés varient considérablement d'un enfant à l'autre et évoluent avec leur croissance. Il est normal pour les bébés de se réveiller plusieurs fois durant la nuit, particulièrement dans leur première année de vie, en raison de leurs besoins alimentaires et de leur cycle de sommeil plus court.

Il est également courant qu’ils aient deux à trois réveils nocturnes jusqu’à trois ans. Cela fait partie du développement normal du sommeil chez les jeunes enfants.

 

Plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • L’aspect primitif ou instinctif entre en jeu : la nuit, le bébé va naturellement se réveiller pour chercher la proximité de ses parents et se sentir en sécurité.

  • Le développement neuphysiologique : le sommeil des bébés est directement lié à la maturation de leur cerveau. Comme celui du bébé n’est pas complètement développé, son sommeil n’est pas aussi régulier que celui d’un adulte.

  • Les pics de développement : si avec la maturation cérébrale, le sommeil tend à devenir plus régulier, il peut y avoir des fluctuations, vers quatre et neuf mois. Le sommeil semble alors régresser. Cela coïncide souvent avec des phases de développement importantes, comme apprendre à marcher, ou babiller. Ces périodes d’intenses apprentissages peuvent perturber le sommeil.

Faut-il laisser pleurer un bébé pour qu’il s’endorme ?

Mélanie Bilodeau est opposée aux méthodes qui visent à rendre l’enfant autonome dans son sommeil, très jeune, notamment en le laissant pleurer. Il n’a pas été prouvé que laisser un bébé pleurer favorisait son autonomie ou son auto-régulation. Au contraire, les bébés apprennent à s'auto-réguler grâce à la co-régulation avec leurs parents. La présence physique et psychologique des parents est essentielle pour le développement sain du bébé.

 

Pour profiter pleinement de l’expérience de Mélanie Bilodeau, n’hésitez pas à écouter l’intégralité de l’épisode du podcast ci-dessous et à lire ses livres. 


Références du podcast :

Le podcast Les Adultes De Demain :

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