Du diagnostic à l’épanouissement : accompagner les enfants neuroatypiques
Derrière le terme générique d’enfants neuroatypiques se cachent des parcours complexes, souvent semés d’obstacles. Du diagnostic à la scolarité, puis à l’insertion professionnelle, ces enfants – porteurs de TDAH, de troubles dys, de TSA – évoluent dans un système encore mal préparé à accueillir leurs singularités. Trop souvent, ce sont leurs parents, et particulièrement leurs mères, qui doivent tout porter : comprendre, alerter, coordonner, accompagner.
Dans le cadre de notre hors-série sur les neuroatypies, deux épisodes du podcast Les Adultes de Demain donnent la parole à celles et ceux qui vivent ces parcours de l’intérieur :
Cécile Arnaux, mère de trois enfants aux multi-troubles du neurodéveloppement,
Élodie Bernard, porte-parole de l’application Poppins,
et Michèle Charnay, présidente de l’association APEDYS Midi-Pyrénées.
Nous avons regroupé leurs témoignages et donc ces deux épisodes dans cet article. Nous vous proposons de décrypter les grandes étapes du parcours des enfants neuroatypiques et d’identifier les freins persistants. Nous mettons également en lumière les leviers qui existent déjà pour mieux les accompagner – à l’école, dans la famille, et plus tard dans le monde du travail.
Enfants neuroatypiques : une réalité complexe, encore mal comprise
Le terme neuroatypique désigne les enfants dont le développement neurologique diffère de celui attendu pour leur âge. Cela inclut des troubles comme le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie, dysphasie, etc.), ou encore les troubles du spectre de l’autisme (TSA).
Ces troubles, souvent invisibles, peuvent profondément affecter la vie quotidienne, scolaire et sociale des enfants. Ils peuvent aussi se combiner : selon une enquête menée en 2024 par Poppins et la Fédération française des DYS, les enfants concernés présentent en moyenne deux à trois troubles associés. Cette pluralité complique encore davantage le diagnostic et l’accompagnement.
Le besoin d’un diagnostic précoce et global
Identifier ces troubles tôt permet de mettre en place un soutien adapté. Mais en réalité, les diagnostics arrivent souvent tard, parfois après plusieurs années d’incompréhension.
Michèle Charnay, présidente de l’APEDYS Midi-Pyrénées, raconte :
« À l’époque (avant les années 2000 NDLR), on me disait que les difficultés de mes enfants étaient d’origine psychologique. »
Il lui faudra monter à Paris pour obtenir des diagnostics clairs, notamment une dyslexie et un TDAH.
Cécile Arnaux, mère de trois enfants neuroatypiques, parle, elle aussi, d’un long chemin semé de doutes et d'attente de diagnostic :
« Au début, on ne comprend pas pourquoi notre enfant ne fonctionne pas à l’école. Les enseignant·es, ce sont les premiers à alerter quand ils sont très bons. Moi, ça a commencé pour Louis en primaire, au bout de deux mois, en petite section. Et donc depuis la primaire jusqu'à l'année dernière, j'ai tous les diagnostics. C'est pour ça que c'est vraiment un parcours du combattant. »
Une méconnaissance encore généralisée des TND
Même aujourd’hui, la connaissance des troubles neurodéveloppementaux (TND) reste insuffisante. Du côté de certains professionnels de santé, mais aussi au sein même de l’Éducation nationale.
Michèle Charnay pointe un manque de formation, y compris chez les rééducateurs :
« Il m’arrive souvent de conseiller aux familles de faire des bilans qui n’ont pas été suggérés par le professionnel qui suit l’enfant. »
Les enseignants, eux aussi, peuvent minimiser les signaux d’alerte. Certains parents entendent encore :
« Il faut attendre le déclic », ou « votre enfant est simplement lent ».
Pendant ce temps, l’enfant peut décrocher et perdre confiance.
Même au sein des familles, les représentations évoluent lentement. Pour Cécile, la première étape a été d’éviter le déni :
« Il ne faut pas en faire un déni. Il faut vraiment l'accepter. C'est bien d'en parler avec les enfants. C'est bien d'être ouverte. Moi, je n'ai pas de tabou sur ces sujets-là, je trouve, au contraire, plus on en parlera, plus ça délivrera aussi les enfants, même entre eux. »
Le parcours scolaire des enfants neuroatypiques : entre obstacles et adaptations
Le chemin de l’école est rarement linéaire pour les enfants neuroatypiques. Leur scolarité se construit souvent en zigzag, entre alertes précoces, recherches de solutions, et adaptations plus ou moins bien mises en œuvre.
TND, qui donne l’alerte ? Enseignants et parents en première ligne
Dans certains cas, ce sont les enseignants qui perçoivent les premiers signes. Mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois, l’école minimise ou temporise, au risque de retarder les aides. Michèle Charnay l’observe souvent :
« Il y a des familles qui, dès le début du CP, du CE1, viennent voir l'enseignant et disent « mon enfant est en difficulté, la lecture ne se met pas en place, cet enfant a besoin d'aide », et l'enseignant répond « mais non, il a son développement propre, il n'est qu'en CP ou en CE1, il faut attendre deux ans, il faut attendre le déclic ». Et donc, pendant ce temps, l'enfant peut se démobiliser complètement, peut perdre pied. »
Dispositifs et aménagements pour les troubles dys, TDAH, TSA... : une mise en œuvre encore inégale
Une fois les troubles identifiés, plusieurs dispositifs d'appui à la scolarisation peuvent être proposés :
Le PAP (plan d’accompagnement personnalisé) permet à l'enfant de bénéficier d’aménagements et d’adaptations pédagogiques (soins sur le temps scolaire, aménagement des contrôles et examens, polycopiés des cours, enregistrements audio, allégement du travail), s'il souffre d'un ou plusieurs troubles. Il nécessite l'avis du médecin scolaire, pas toujours présent sur les établissements.
Le PPS (projet personnalisé de scolarisation) s'adresse aux enfants reconnus en situation de handicap. Il donne droit à des mesures de compensation comme l'usage de matériel pédagogique adapté (ordinateur pour les enfants souffrant de dyspraxie par exemple), l'intervention d'un·e AESH (accompagnant·e des élèves en situation de handicap). C'est un dossier assez lourd à déposer.
Le PPRE (programme personnalisé de réussite éducative) est un dispositif d’accompagnement pédagogique, d’une durée courte et ajustable. Il pointe généralement des difficultés spécifiques et ponctuelles qu'un soutien scolaire adapté peut lever.
Le PAI (projet d'accueil individualisé) concerne les enfants ayant des pathologies chroniques (asthme, diabète, allergies, intolérance alimentaire). Il indique les traitements que doit suivre l'enfant concerné. Il est mis en œuvre par la direction de l'établissement et le médecin de l'éducation nationale.
Dans tous les cas, les démarches restent complexes, et les délais longs.
D’après l'enquête menée par Poppins et la FFDys, un tiers des familles ne savent même pas comment faire une demande. D'autres voient leur dossier refusé, faute de bilans à jour ou de médecins scolaires disponibles.
Même quand un plan est validé, il n’est pas toujours appliqué en classe. Cécile le constate avec ses fils au collège :
« Parfois, les enseignants oublient de mettre en place l’aménagement. Il faut encore alerter, rappeler, surveiller. »
Les enseignants face aux TND : des alliés… ou un maillon fragile du système
De nombreux enseignants font preuve d’écoute et de bonne volonté. Mais beaucoup sont aussi démunis face à ces profils singuliers. Ils ne savent pas comment aider un enfant dys ou accompagner un enfant TDAH au quotidien.
Michèle Charnay explique :
« Les enseignants ne sont pas formés. Ils se forment eux-mêmes, en fonction de leur sensibilité. »
Cela crée de fortes inégalités d’un établissement à l’autre, voire d’une classe à l’autre.
La mise en place des réunions pédagogiques pour l'établissement des PAP ou PPS demande aussi du temps et de l’énergie, difficiles à mobiliser dans un système déjà sous tension.
Le collège avec un trouble dys, TDA/H, TSA : une période charnière, souvent déstabilisante
Le passage au collège marque un tournant pour beaucoup d’enfants neuroatypiques : plus d’enseignants, plus d’exigences, moins de repères.
Michèle Charnay est formelle :
« La période de la sixième à la troisième, c’est vraiment la plus difficile. »
Les jeunes doivent gérer leurs affaires, changer de salle, suivre des matières multiples… Autant de défis pour ceux qui peinent à organiser leur pensée ou à rester attentifs.
Dans cette transition, certains enfants s’effondrent scolairement. Cécile l’observe chez ses jumeaux, moins autonomes que leur grand frère Louis. Le moindre oubli ou la moindre erreur peut déclencher un sentiment d’échec :
« Une mauvaise note, et c’est la fin du monde pour l’enfant. »
©A. Darmel
Le rôle central des parents d'enfants neuroatypiques : focus sur les mères
Derrière chaque enfant neuroatypique, il y a souvent un parent – le plus souvent une mère – qui s’implique sans relâche pour que son enfant puisse avancer. Être parent d'un enfant neuroatypique, c’est jongler chaque jour entre scolarité, soins médicaux, émotions fortes et luttes administratives.
Une charge mentale colossale et constante
Élodie Bernard, de l’équipe Poppins, décrit un quotidien à plusieurs niveaux :
« Il y a vraiment ces deux volets, le volet école, le volet thérapeutique, et un troisième volet qu’on oublie souvent mais qui est extrêmement important : l’accompagnement psychologique de l’enfant. »
À cela s’ajoute le poids de l’isolement. Beaucoup de parents se sentent seuls, malgré l’ampleur du phénomène.
« On parle d’un trouble qui touche 7 à 8 % des enfants. Pourtant, tous les parents concernés se sentent isolés », souligne Elodie.
Des mères en première ligne
L’étude menée en 2024 par Poppins et la Fédération Française des DYS est sans appel :
95 % des répondants sont des mères.
82 % déclarent que la charge mentale repose exclusivement sur elles.
Cette inégalité se traduit souvent par des aménagements professionnels, voire des sacrifices de carrière. Cécile, par exemple, a dû adapter son emploi du temps pour rester disponible :
« Je me suis mise à 80 %. Je termine à 16h pour pouvoir aller chercher les enfants, les accompagner, être présente pour les devoirs. »
Certaines mères vont jusqu’à mettre leur carrière entre parenthèses pendant plusieurs années. Une réalité encore largement ignorée par les politiques publiques.
Des familles qui avancent seules, ou presque
La complexité du système, la lenteur des diagnostics, l’insuffisance des structures de soutien, tout cela contribue à l’épuisement des familles. Les parents doivent non seulement détecter, organiser, planifier, mais aussi rassurer, expliquer, protéger. Ils deviennent experts malgré eux.
Comme le résume Élodie :
« Il y a énormément de ressources chez les parents. Mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. »
Un épisode pour s’informer sur la neurodiversité, véritable guide pratique pour les familles d’enfants neuroatypiques avec de nombreuses ressources.
Accompagner un enfant neuroatypique : des ressources à mobiliser, des leviers qui émergent
Face à la complexité du parcours des enfants neuroatypiques, certaines dynamiques positives émergent. Associations, technologies, dispositifs scolaires innovants : des ressources se structurent pour accompagner les familles et ouvrir la voie à des pratiques plus inclusives. N'hésitez pas à écouter l'épisode dédié aux ressources pour s'informer sur la neurodiversité, que votre enfant ait des troubles dys, un TDAH, un TSA, etc.
Les associations : soutien, relais, défense des droits des personnes neuroatypiques
De nombreuses familles se tournent vers les associations pour ne pas rester seules face à un système difficile à décrypter. L’association Apedys Midi-Pyrénées, présidée par Michèle Charnay, propose par exemple un accompagnement individuel des familles, une aide à la constitution des dossiers (MDPH, PAP, PPS…), mais aussi une présence aux réunions d’équipe éducative.
L’association organise aussi des ateliers de mise en situation en milieu scolaire, pour sensibiliser les élèves aux difficultés de leurs camarades.
« On les met en situation toute la classe entière, on les met en situation de dyslexique, de dyspraxique, pour faire comprendre pourquoi certains ont des difficultés, pourquoi il faut les aider, et pourquoi ils ont des aides particulières pour les contrôles, les dictées aménagées, dans le but d'améliorer le climat entre les enfants. Parce que il y a souvent des moqueries, il y a souvent des mises à l'écart carrément des enfants. », explique Michèle.
Objectif : apaiser les tensions, favoriser un climat d’acceptation et le vivre-ensemble.
La Fédération Française des DYS (FFDys), elle, agit au niveau national pour porter la voix des familles, diffuser les connaissances, et améliorer l’accès aux droits.
Le numérique comme levier d’autonomie pour les enfants neuroatypiques
Les outils technologiques jouent un rôle croissant dans le quotidien des enfants neuroatypiques.
Cécile Arnaux évoque un tournant décisif pour son fils Louis :
« L’ordinateur, ça a été la délivrance. Il a gagné en autonomie, il a pris de l’avance sur d’autres élèves. »
D’autres solutions numériques émergent, comme l’application Poppins, conçue pour améliorer la lecture des enfants dyslexiques. Cécile témoigne :
« Mes enfants font Poppins n’importe quand. C’est ludique, et ça les aide. »
Cette dimension technologique, encore sous-exploitée dans les établissements, ouvre pourtant des perspectives concrètes pour alléger le quotidien scolaire et renforcer la confiance des élèves. L'épisode avec Guillaume Bousquet sur comment aider un enfant à apprendre peut apporter quelques pistes d'accompagnement.
Vers une école plus inclusive ?
Des dispositifs expérimentaux cherchent à faire évoluer les pratiques en profondeur.
Parmi eux, les DAR (Dispositifs d’Autorégulation) permettent à des élèves en surcharge de s’isoler dans un espace dédié. Certains établissements testent aussi des pôles inclusifs d'accompagnement localisé (PIAL), qui coordonnent les interventions des AESH et des professionnels médico-sociaux.
Élodie Bernard y voit un changement de paradigme :
« Je pense qu'avec cette initiative, avec ce déploiement de l'autorégulation, l'école commence à s'adapter un petit peu plus aux particularités de chaque élève, plutôt que le contraire. On entend souvent les parents dire l'inclusion, finalement, c'est les enfants qui doivent s'adapter au cadre, et le cadre est très rigide. Là, c'est vrai qu'on se dit qu'avec l'autorégulation, ça pourrait aller dans l'autre sens. »
Ce basculement, s’il reste progressif et inégal selon les territoires, montre une volonté d’aller vers une inclusion véritable, fondée sur l’ajustement des environnements plutôt que sur la conformité des élèves.
Former, sensibiliser, changer de regard sur les troubles neurodéveloppementaux
La formation des enseignants reste un maillon faible. Pourtant, comme le rappelle Michèle Charnay, un simple changement de posture peut transformer la relation avec un élève.
Grâce aux ateliers de sensibilisation menés dans les écoles par son association, ce ne sont pas seulement les élèves qui prennent conscience des difficultés rencontrées par leurs camarades, mais aussi les enseignants. Certains découvrent pour la première fois ce que vivent réellement les enfants.
« Souvent, vers la fin du primaire, le début du collège, là où les réelles difficultés apparaissent, c'est parce que les enseignants n'ont pas forcément vu et ne connaissent pas vraiment les troubles. Ils n'ont pas repéré que les enfants ont ces troubles et donc, lorsque les parents viennent demander des aménagements dans le cadre des plans d'accompagnement personnalisé, là aussi, ils refusent une première fois, ils temporisent et les familles n'arrivent pas à mettre en place. »
Ce travail de fond, discret, mais déterminé, amorce un changement de regard. Pour que chaque enfant, quel que soit son profil, trouve sa place à l’école.
©Shkrabaanthony
Orientation et insertion professionnelle des personnes neuroatypiques : construire un avenir possible
Après le collège, une autre étape cruciale attend les jeunes neuroatypiques : celle de l’orientation, puis de l’insertion professionnelle. Souvent négligée, cette phase peut pourtant transformer l’image qu’un enfant a de lui-même – à condition de l’accompagner avec justesse.
L’enjeu du lycée et de l’après-lycée
Au lycée, les troubles restent présents, même s’ils peuvent être moins visibles grâce à des stratégies de compensation. Mais les défis demeurent : pression scolaire, choix d’orientation, sentiment de décalage avec les pairs.
Michèle Charnay, présidente d’APEDYS Midi-Pyrénées, insiste :
« Beaucoup de jeunes se croient complètement nuls. Et quand on les voit en entretiens individuels pour leur restituer quelles sont les prédispositions qu'ils ont, et bien là, on voit un sourire qui se dessine sur leur visage, mais vraiment. »
Face à cela, il est essentiel d’ouvrir le champ des possibles et de reconnaître les compétences qui ne sont pas toujours valorisées dans les cursus traditionnels.
Éviter les orientations par défaut quand on est porteur d'un trouble du développement
Trop souvent, les jeunes en difficulté sont orientés vers des voies professionnelles courtes, par défaut, vers les lycées professionnels, sans que leurs intérêts ou leurs talents aient été réellement explorés.
Michèle le constate régulièrement :
« Très souvent, un jeune qui a beaucoup de difficultés à écrire à lire, on estime rapidement qu'il ne peut pas continuer à faire des études et donc, on va vite le diriger ou lui faire comprendre qu'il faut qu'il parte en apprentissage, qu'il parte en CAP, en BEP. »
Mais a-t-on vraiment cherché à l'aider et l'a-t-on aidé à chercher ? Pour éviter cet écueil, son association propose dès la 4ᵉ des ateliers d’orientation personnalisés, qui permettent d’identifier les prédispositions de chaque jeune.
Révéler les talents invisibles des jeunes neuroatypiques
Ces ateliers ont un effet profond. Ils redonnent de la valeur à des compétences trop peu visibles à l’école : créativité, sens pratique, mémoire visuelle, capacité à raisonner autrement…
« On travaille depuis 2003 à mettre en place des ateliers pour aider le jeune à comprendre qu'il a un avenir et qu'il a lui-même des compétences et que ces compétences ne sont pas forcément révélées par la scolarité », explique Michèle Charnay.
L’objectif n’est pas de gommer les difficultés, mais de réconcilier les jeunes avec leur potentiel, pour les aider à bâtir un projet qui ait du sens.
Le passage à l’âge adulte : entre RQTH et freins à l’emploi
À partir de 16 ans, les jeunes peuvent demander une reconnaissance qualité de travailleur handicapé (RQTH). Cet outil facilite l’accès aux stages et permet d’obtenir des aménagements en entreprise. Mais il reste peu connu.
De nombreux jeunes, faute de préparation, peinent à se projeter dans la vie professionnelle. Les entretiens d’embauche deviennent des épreuves redoutées.
« La première première difficulté qu'ils ont, c'est dès qu'il faut se présenter. Ce manque d'estime d'eux-mêmes est alors flagrant et ils ont beaucoup de mal à expliquer aussi leur parcours.Les plus en difficulté sont ceux qui ont les difficultés de langage oral parce que là, ils sont inhibés. Les dyslexiques savent parler, mais ils n'ont pas les résultats qui correspondent.
Donc ils sont en difficulté pour se présenter. Surtout s'ils n'ont pas fait ce travail de déterminer avant avec la famille ou même s'ils ne sont pas passés par nos ateliers de préorientation, ils ont du mal à se projeter dans l'avenir. Et donc la recherche de l'emploi est difficile pour eux. Et après, on leur renvoie quand même tout de suite un manque de formation, un manque de niveau de base, donc c'est compliqué pour eux », explique Michèle.
Ce manque de confiance peut donc être accentué par des difficultés d’élocution, une lenteur dans le traitement de l’information, ou une peur d’être stigmatisé.
« Il faut absolument être présent et accompagner les enfants jusqu'au bout. Aux enfants, je leur dis : il ne faut pas lâcher, il faut chercher quelque chose qui les fait vibrer malgré les difficultés scolaires. », insiste Michème Charnay.
Parler ou non de sa neuroatypie en entretien ?
La question revient souvent : faut-il évoquer son trouble lors d’un entretien ?
Michèle invite à nuancer :
« Ce n’est pas forcément au premier rendez-vous. Mais à un moment, il faut pouvoir en parler. Et surtout, il faut savoir comment. »
L’idée n’est pas de s’excuser, mais de transformer la différence en ressource. Par exemple :
« Je suis dyslexique, donc j’ai appris à faire preuve d’ingéniosité. J’ai développé une forte capacité d’adaptation. J’ai aussi besoin de plus de temps pour certaines tâches écrites. »
Certaines entreprises commencent à former leurs DRH et à nommer des référents handicap, mais le changement reste lent.
« La méconnaissance des troubles est encore très forte dans le monde du travail. Il faut continuer à sensibiliser », souligne Michèle.
Les parcours des enfants neuroatypiques, enfants avec des troubles dys, des troubles de l'attention ou du spectre de l'autisme, s’ils sont semés d’embûches, ne sont pas figés. Grâce à l’engagement des parents, à la mobilisation des associations, à l’évolution des pratiques scolaires et professionnelles, une transformation est en cours.
Encore trop lentement, mais avec détermination, des voix se lèvent pour revendiquer une éducation plus inclusive, un accès facilité aux soins, une reconnaissance des compétences autrement exprimées.
Comme le rappelle Michèle Charnay :
« Il faut s’accrocher à cette idée qu’il faut garder espoir, et on va réussir. »
Écoutons ces voix. Appuyons-nous sur ces ressources. Et surtout, continuons à croire en la richesse de tous les profils.
Références :
Sites web :
neuroatypie.fr
zatypique.comressources-ecole-inclusive.org
Livres
Pareils pas pareils - DYS, TDAH, autistes... Comment fonctionnent nos cerveaux ?, Isabelle Filliozat et Fabienne Cazalis, éditions Nathan, 2025
Les enfants dys, Pierre Fourneret & David Da Fonseca, Elsevier Health Sciences, 2018Mieux comprendre les DYS, de leur émergence aux neurosciences, Michèle Mazeau, Tom Pousse, 2017
Aide aux Dys, concrètement que faire ?, sous la direction de Christophe Chauché, Tom Pousse, 2017
La constellation des dys : bases neurologiques de l'apprentissage et de ses troubles, Michel Habib, Solal Éditeurs, 2018
L'enfant TDA/H, Myriam Bost, Hatier Parents, 2024TDAH - La boîte à outils : stratégies et techniques pour gérer le TDA/H, Ariane Hébert, Éditions de Mortagne, 2021
Le TDA/H raconté aux enfants : j'ai un quoi ?, Ariane Hébert, Éditions de Mortagne, 2016
L'autisme chez l'enfant, Myriam Bost, Mardaga Pierre, 2023Autisme - La boîte à outils : Stratégies et techniques pour accompagner un enfant autiste, Rachel Ouellet, Éditions de Mortagne, 2020
Devenir détective de l'autisme, Jean-Philippe Piat & Perrine Fifis
Podcasts
D comme dys, le podcast de Poppins, en collaboration avec la FFDys et la MAE
Une vie de Dys d’Elvire Cassan
Tous pareils ou presque ! de Stéphanie Gruet-Masson
Prendre soin, un village pour élever un enfant - Les Pieds sur Terre
Séries et émissions
Les Rencontres du Papotin - France TV
Le lexique des Dyslexiques avec Stéphane De Groodt - Canal+
Médias engagés
Les Zèbres & Cie
All kids are cool kids
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