Parents d’enfants atypiques avec Mélanie Jean-Naudin #195

Souvent isolés, jugés, culpabilisés, les parents d’enfants atypiques vivent une parentalité semée de défis et d’embûches. Mélanie Jean-Naudin, autrice du livré auto-édité, Parents d’enfants atypiques, elle-même maman d’enfants porteurs de troubles du neurodéveloppement, témoigne du parcours de ces parents. Car si les troubles peuvent être différents, les parents de ces enfants atypiques ont finalement de nombreux points communs dans leur vécu

Cet épisode et cet article devraient bien sûr aider les parents concernés à se sentir moins seuls. Peut-être pourront-ils trouver aussi quelques conseils utiles. Les explications de Mélanie Jean-Naudin éclaireront aussi tout parent et professionnel de l’enfance, de la parentalité, de la santé sur la réalité vécue par ces familles. De quoi leur apporter plus de soutien, de bienveillance et moins de jugement.

Comprendre l'atypisme chez les enfants

Qu’appelle-t-on troubles neurodéveloppementaux ?

Les troubles neurodéveloppementaux (TND) englobent une variété de conditions qui affectent le développement du cerveau et entraînent des différences dans le comportement, l'apprentissage et la communication. Ces troubles peuvent se manifester de diverses manières. Et même si deux enfants présentent un même trouble, chacun reste unique dans ses besoins et ses défis. Voici les principaux types de troubles neurodéveloppementaux :

Troubles du spectre de l'autisme (TSA)

Le trouble du spectre de l'autisme (TSA) est caractérisé par des difficultés dans la communication sociale et des comportements répétitifs. La fille aînée de Mélanie Jean-Naudin n’a été diagnostiquée de son trouble du spectre autistique qu’à 10 ans.  Les « difficultés de comportement qui vont être liées au TSA ou au TDAH vont [souvent] être mésinterprétées » par la société. 

Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)

Le TDA/H se manifeste par des difficultés de concentration. S’ajoute parfois une hyperactivité et impulsivité qui complexifient le maintien de cette attention déjà limitée. L’enfant peut manifester une agitation corporelle, un comportement qui finit par perturber le groupe et une fatigabilité plus grande. 

Mélanie Jean-Naudin précise que « 2,5% des adultes restent TDAH avec symptômes après l'adolescence. Ce trouble lié à un déficit de l’attention va donner une instabilité, une irritabilité, une impulsivité à l’adulte porteur. Cela aura évidemment un impact sur le couple ».

Troubles DYS

Les troubles DYS regroupent plusieurs conditions affectant les compétences de base nécessaires à l'apprentissage. Voici quelques exemples :

  • Dysphasie : trouble du langage affectant la compréhension et/ou la production du langage.

  • Dyslexie : difficulté spécifique dans l'acquisition et l'automatisation de la lecture.

  • Dysorthographie : trouble spécifique de l'orthographe.

  • Dyspraxie : trouble de la coordination motrice et des gestes.

  • Dysgraphie : trouble de l'écriture, affectant la forme ou la lisibilité des lettres.

  • Dysproprioception : trouble de la perception du corps et de ses mouvements.

  • Dyscalculie : trouble spécifique des activités numériques.

Atypie et comorbidités

Mélanie Jean-Naudin explique qu’un enfant a rarement un seul trouble neurodéveloppemental. Ainsi, « un trouble de déficit de l’attention seul, c'est l’exception. La norme, c'est avec des comorbidités, avec d'autres troubles. ». Ses deux filles aînées ont 7 troubles différents cumulés, puisque au TSA et au TDA avec hyperactivité sévère, s’ajoutent plusieurs troubles dys. Sans compter des troubles sensoriels et vestibulaires.

Elle explique aussi qu’un enfant à haut potentiel intellectuel (qui n’est pas un trouble, NDLR), peut compenser, masquer, un TND. Le diagnostic réel peut être d’autant plus long à poser. Ainsi, pour sa cadette, la psychologue expliquait son comportement et ses difficultés par son haut potentiel. « Elle avait trop de chose dans la tête ».

Mélanie Jean-Naudin, échaudée par le parcours mené pour sa première fille et plus au fait sur le TDAH, a insisté pour qu’un bilan en la matière soit fait. Au pire, elle se trompait. Le résultat fut sans appel... 

Quelle est la prévalence en France des enfants avec TND ?

Il est difficile d'obtenir des statistiques précises sur la prévalence des troubles neurodéveloppementaux en France, car les chiffres varient et les diagnostics peuvent être tardifs ou inégaux. 

Cependant, Mélanie Jean-Naudin donne une estimation : « Si on part du principe qu'on a 6% d'enfants TDAH, 1% de TSA, entre 5 et 15% de dyslexique [...] on peut tabler facilement sur 15% des enfants avec un trouble du neurodéveloppement. Ça représente en France plus de 4,5 millions d’enfants concernés. »

Importance de la reconnaissance des troubles

La reconnaissance des troubles neurodéveloppementaux et l'obtention d'un diagnostic sont essentiels pour la mise en place d'un soutien adapté et efficace. Un diagnostic précoce permet de mieux comprendre les besoins de l'enfant et de mettre en place des stratégies éducatives et thérapeutiques appropriées. 

La reconnaissance et le diagnostic sont importants pour l'enfant et pour les parents, qui peuvent ainsi mieux comprendre ses réactions et trouver les ressources nécessaires pour l’accompagner.

Être parents d’enfants atypiques : quels points communs ?

Des défis émotionnels et psychologiques

La découverte des troubles de son enfant et l'impact émotionnel

Avant même qu’un diagnostic ne soit posé, Mélanie Jean-Naudin explique qu’il y a toute une période où le ou les parents ont des suspicions de trouble, mais pas de réponse. Durant ce laps de temps, qui peut parfois s’étendre sur des années, le parent doute, se dit qu’il y a un problème. 

Elle décrit ce processus : « l’élément principal, c’est qu’on se rend compte qu’on a des difficultés à aider son enfant. On voit que son enfant a des différences, des retards ou des décalages, en tout cas, et on va se mettre à se poser des questions. Est-ce que c'est normal ? Et puis, en plus, on a les magazines qui nous expliquent comment ça se passe, la parentalité. On avait plein de bonnes idées aussi, avant d'avoir des enfants. Et puis, tu fais avec ce que tu as, tu réalises que tout n'était pas une bonne idée. »

La culpabilité et le doute

Et en même temps, le parent culpabilise de voir son enfant sous le prisme des défauts quand les autres parents s’émerveillent du moindre geste des leurs. 

Mélanie Jean-Naudin explique s’être questionnée : « Pourquoi, moi, je ne suis pas comme les autres mamans à ne voir que du magnifique et à ne pas voir les défauts de mon enfant ? ».

Elle explique qu’en fait, le parent a en lui un signal d’alerte. Ce qu’il voit chez son enfant, ce n’est pas un défaut, c’est un problème. Et finalement, heureusement qu’il a cette alerte qui se déclenche. Par contre, il ne s’en ouvre pas forcément tout de suite à son entourage. Et souvent, quand il commence à en parler, il s’entend répondre par ses proches, son conjoint, son médecin, que « c’est dans sa tête, voire que c’est lui qui crée des problèmes »… de quoi rajouter une couche de doute et de culpabilité.

Mélanie Jean-Naudin exprime cette réalité du parent d’enfant atypique : « Ça va commencer par de la culpabilité. De toute façon, on commence, on continue et on finit sur de la culpabilité. »

C’est toutefois parfois grâce à l’entourage que la démarche diagnostique peut s’enclencher. Ce fut le cas pour sa fille aînée. C’est une maîtresse qui a fini par exprimer son doute quant à un éventuel problème concernant sa fille qui venait de faire une grosse crise à l’école, pour la première fois. Elle réservait généralement ces crises pour la maison. La maîtresse, sans poser de diagnostic bien sûr, a confirmé les doutes de Mélanie. Ce fut le déclencheur pour entamer un parcours de diagnostic. 

Anamnèse et bilans

Les émotions ne sont bien sûr pas finies quand le processus de diagnostic s’enclenche. Il est souvent long et complexe, impliquant de nombreux bilans et consultations. Mélanie Jean-Naudin explique que l'attente est difficile : « On rentre dans un milieu qu'on ne connaît pas du tout, donc c'est toujours très compliqué de savoir vers quel professionnel aller, pour quels troubles. »

Par ailleurs, la démarche diagnostique inclut pour le parent – et on l’oublie trop fréquemment, l'anamnèse. Il s’agit de l’entretien entre chaque parent et le professionnel de santé. Il a lieu avant les bilans. Et pour Mélanie Jean-Naudin, c'est systématiquement une épreuve et très compliqué à vivre en tant que parent

En effet, pendant l’anamnèse, « le parent au centre de l'attention. En particulier, quand on n'est pas du tout sûr qu'il y a quelque chose, les questions finalement reviennent beaucoup sur notre parentalité, surtout en tant que maman : comment s'est passée la grossesse ? Est-ce que c'était un enfant désiré ? Des choses que jamais de la vie ailleurs on va vous demander. Comment s'est passée la naissance ? Et là, on a vite le sentiment d'être passé à la loupe. » On se juge déjà sévèrement, donc on a un peu peur de vivre le même jugement en face.

Puis vient le temps des restitutions de bilan. Et pour Mélanie Jean-Naudin, « c'est extrêmement fort. Quel que soit le nombre de fois où on y passe, même pour le même enfant. Parce qu'au moment du diagnostic, on va vivre deux émotions extrêmement paradoxales. On va vivre un soulagement : j'avais raison, il y avait bien quelque chose. Donc, quelque part, on est soulagé d'avoir fait les choses, d'avoir été sur la bonne piste. Et en même temps, on culpabilise énormément, encore, d'être soulagé : je suis soulagée que mon enfant ait un trouble. C'est très paradoxal. »

L'isolement social et ses causes

L’autre point commun de ces parents d’enfants atypiques, c’est l'isolement social. Plusieurs raisons y concourent :

  • l’incompréhension des autres puisque les troubles du neurodéveloppement sont des handicaps, des difficultés la plupart du temps invisibles. Les difficultés de comportement auront plus tendance à être attribuées à une éducation défaillante qu’à un trouble. Du coup, un isolement progressif va se mettre en place des deux côtés : 

    • Les amis invitent moins. Ils n’ont pas envie que l’enfant retourne tout quand il sera là. Ou ne souhaitent pas mélanger la famille concernée par les difficultés avec d’autres, en raison des divergences concernant les codes sociaux et éducatifs attendus.

    • Les parents s’isolent aussi, plus ou moins consciemment. Entendre les autres parents raconter les exploits de leurs enfants quand son fils ou sa fille est en difficulté, ce n’est pas toujours simple émotionnellement notamment. «  Au bout d'un moment, il y a un décalage qui se crée et qui, des fois, pousse à moins partager, moins sortir. »

  • les difficultés, particulièrement financières, qui compliquent les sorties. 

Les impacts financiers d’une parentalité d’enfants atypiques

Coûts des diagnostics et des prises en charge des troubles neurodéveloppementaux

Les coûts associés aux diagnostics et aux prises en charge des troubles neurodéveloppementaux peuvent être très élevés et ne sont souvent pas couverts par l'assurance maladie. Mélanie Jean-Naudin souligne cette difficulté : « on va avoir des bilans pour certains pratiquement indispensables, mais qui se font systématiquement auprès de psychologues et de neuropsychologues ou d'ergothérapeutes. Et tous ces bilans-là ne sont pas remboursés et ne sont pas pris en charge. »

Certes, certaines structures, comme les CMPP (Centres Médicaux Psycho-Pédagogiques) peuvent les réaliser sans frais pour les patients. Mais les délais d’attente sont extrêmement longs. On ne peut pas choisir son professionnel de santé. Les structures ne se valent pas et nombre d’entre elles sont d’obédience psychanalytique et ne reconnaissent pas ces troubles. Les équipes refusent de poser des diagnostics. 

Pourtant, ces professionnels de santé sont nécessaires pour mener ces bilans. Ils sont obligatoires pour monter par exemple un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).

« On se retrouve avec des errances et des parcours absolument lunaires », témoigne Mélanie Jean-Naudin.

Une fois les bilans menés, ce sont les prises en charge qui vont être onéreuses. Ergothérapeute, psychologue, psychomotricien, aucune des séances avec ces professionnels de santé n’est remboursée (sauf CMPP).

Or, pour un enfant dont la dyspraxie est telle que l’usage d’un ordinateur est recommandé, l’ergothérapeute est pratiquement indispensable afin que l’enfant puisse saisir suffisamment vite pour suivre les cours. 

L’exception, c’est l’orthophoniste. Ses séances sont remboursées par la sécurité sociale. C’est d’ailleurs pourquoi les cabinets d’orthophoniste sont saturés et les délais d’attente très longs. Cette prise en charge est régulièrement priorisée, pour des raisons financières. 

Conséquences sur le travail des parents d’enfants atypiques

Les exigences des soins et des rendez-vous pour les enfants atypiques peuvent avoir un impact significatif sur la carrière des parents. Mélanie Jean-Naudin partage son expérience : « Il faut pouvoir se libérer pour pouvoir emmener nos enfants à leur rendez-vous. Donc, quand il y en a pour deux, trois rendez-vous par semaine, ça a un impact, il ne faut pas se mentir. [...] On va devoir partir plus tôt du travail. Quand, en plus, il y a des troubles du comportement, des difficultés, quand l'école vous appelle en disant « il faut venir le chercher »et que c'est juste la troisième fois de la semaine, ça finit par poser un problème au niveau du travail ».

Cela se traduit dans nombre de familles concernées par une réduction du temps de travail d’un des parents, voire une perte de l’activité professionnelle. La conséquence immédiate, c’est une baisse de revenu pour le foyer, alors même qu’il y a plus de dépenses. Sans compter que nombre de familles concernées sont monoparentales…

Les défis de la scolarité pour les enfants atypiques

L'aménagement du temps scolaire

Collaboration tripartite : école et enseignant, parents, professionnels de santé

La scolarité des enfants atypiques nécessite souvent des aménagements spécifiques pour leur permettre de suivre le programme scolaire dans les meilleures conditions possibles. La collaboration avec les écoles et les enseignants est essentielle pour mettre en place ces aménagements. Mélanie Jean-Naudin explique : « Idéalement, l'école est un partenaire. [...] Les experts absolus de la pédagogie, ce sont eux. Les experts absolus de notre enfant, c'est nous. Et à nous deux, plus le professionnel pour le trouble, à nous trois, on est vraiment au top. »

Quant à savoir si c’est mieux dans le public ou le privé, la différence ne peut être affirmée. L’impact de l’enseignant reste finalement majeur.

Les différents plans (PPRE, PAP, PPS)

Pour formaliser ces aménagements, différents plans peuvent être mis en place en fonction des besoins spécifiques de l'enfant :

  • PPRE (Plan Personnalisé de Réussite Éducative) : C’est un accord entre le parent et l'enseignant, qui stipule l’aménagement mis en place en classe. Par exemple, une dictée à trous plutôt qu’une dictée normale.

  • PAP (Plan d'Accompagnement Personnalisé) : le PAP s’enclenche à partir du moment où il y a un diagnostic posé. Ce document doit être validé par le médecin scolaire. Il est revu tous les ans, se compose de grilles toutes prêtes avec des cases à coucher. Son inconvénient, c’est qu’il n’est pas opposable. Si un enseignant décide qu’il n’y a pas d’ordinateur dans sa classe, l’élève qui en a besoin va devoir faire sans. Il n’existe aucun recours pour obliger le professeur à accepter. Les PAP dépendent d’une circulaire, pas d’une loi. Ce qui n’est pas le cas du PPS.

  • PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) : Le PPS nécessite de déposer un dossier à la MDPH et d’obtenir une reconnaissance du handicap. « Ce qui, dans certains départements, avec un TND, est une mission quasi impossible », constate Mélanie Jean-Naudin. Mais le PPS est opposable, c’est pourquoi il est important d’obtenir l’aval de la MDPH dans certaines situations. En effet, « si un enseignant ne respecte pas les aménagements notés dans le PPS, on peut se retourner vers un juge », explique Mélanie Jean-Naudin.

L'importance de la communication et de l'adaptation

Comment parler des troubles à l'école

Mélanie Jean-Naudin estime qu’il faut déjà informer l’enfant de son trouble. Cela ne sert à rien de le lui cacher. De toute façon, il s’interroge forcément puisqu’il a passé des tests que ses camarades n’ont pas eus. Et il perçoit éventuellement ses difficultés au quotidien au sein de la classe. 

Quant à en parler à l’établissement, c’est important de communiquer efficacement avec les enseignants et le personnel scolaire sur les troubles de l'enfant pour garantir une bonne compréhension et des adaptations appropriées. En respectant toutefois le choix de l’enfant. Ainsi, l’aînée de Mélanie Jean-Naudin n’a pas souhaité évoquer tout de suite son autisme quand elle l’a appris lors de sa dixième année. Sa sœur cadette, diagnostiquée à 6 ans d’un TDAH sévère, n’a jamais exprimé cette réserve. 

L’annonce du trouble peut effrayer l’équipe enseignante qui redoute que l’enfant ne se cache derrière son trouble, ne se définisse que par lui, pour excuser d’éventuelles mauvaises notes, un manque de travail, etc. Les clichés ont la dent dure. Mélanie Jean-Naudin laisse les enseignants voir par eux-mêmes qu’ils se trompent : 

«  son trouble n'est pas une excuse pour faire moins, mais une explication de sa fatigue parce qu'elle fait plus. » 

Par ailleurs, vis-à-vis de l’équipe pédagogique, elle recommande de toujours de mettre des mots. Mais elle déconseille donner les bilans parce que même si on a un super enseignant cette année-là : « ça va aller dans le dossier. [...] Donner la conclusion, le faire lire, en tout cas à la personne pendant un rendez-vous, oui. Le donner, non. »

Trouver des solutions adaptées à chaque enfant

Chaque enfant atypique a des besoins uniques, et il est important de trouver des solutions adaptées à ces besoins pour favoriser sa réussite scolaire. Idéalement, l’école est un partenaire : « l'enseignant va repérer des difficultés que le parent ne va pas forcément avoir vues parce que ce n'est pas son boulot. Et inversement, le parent, lui, va en constater d’autres, pendant les devoirs, en regardant les cahiers à la maison. » Ces difficultés, l’enseignant ne va pas forcément les percevoir en cours, parce qu’il n’a pas qu’un élève. Il en a parfois 30. 

Les dialogues sont donc essentiels, mais pas toujours évidents. Par ailleurs, les aménagements sont souvent donnés sous forme de listes génériques, données par les professionnels de santé :

  • le mettre au premier rang ;

  • sans voisin ;

  • lui sortir ou lui ranger son matériel ;

  • lui imprimer en plus grand, en couleur ;

  • lui autoriser la calculette, etc.

L’enfant n’a pas forcément besoin intégralement de ces aménagements. Ils ne sont pas tous indispensables. C’est pourquoi il est important d’écouter le parent et à l’inverse que les parents entendent également l’enseignant

Recourir aux associations de parents d’élèves

On ne pense pas toujours à faire appel aux associations de parents d’élèves (PEEP, FCPE, APEL) que ce soit dans le public ou le privé. Or, ces organisations ont toutes des référents « école inclusive ». Ces associations œuvrent au niveau des établissements, puis sur le plan départemental, puis académique et enfin national. On finit toujours pas trouver un référent qui peut aider. Il peut intervenir auprès de l’établissement et accompagner les parents pendant les rendez-vous, comme les ESS (Équipe de Suivi de Scolarisation) qui ont lieu chaque année dans le cadre des PPS. 

Ces référents connaissent les rouages. Ils savent ce qui peut être exigé ou non. Ils permettent de faire le lien entre la famille et l’école avec moins d’affects. Ils peuvent faire tampon. 

Troubles du neurodéveloppement : impact sur la vie de couple et la famille

Les tensions et les défis spécifiques de la coparentalité d’enfants atypiques

La coparentalité peut être particulièrement éprouvante lorsque l'on élève un enfant atypique. Les défis spécifiques liés aux troubles neurodéveloppementaux peuvent exacerber les tensions au sein du couple. Mélanie Jean-Naudin explique : « on a beaucoup de familles monoparentales ». Sans vouloir faire de généralités, dans ces situations de parent solo d’enfant atypique, on constate souvent que le père est parti. Parce que c’était invivable, insupportable pour lui. 

La société tient moins rigueur au père qui s’en va qu’à une mère qui abandonnerait ses enfants.

Parfois, ces troubles ayant une tendance héréditaire, un des parents souffrira encore des conséquences d’un TDAH par exemple, ce qui créera chez lui une certaine instabilité, irritabilité. 

Le rôle de la compréhension et de l'acceptation des troubles

Mélanie Jean-Naudin le confirme : « il y a une grosse part de génétique dans les troubles du neurodéveloppement, et donc statistiquement, on a beaucoup de chances qu'au moins un des deux parents soit concerné, ce qui fait que lui aussi va avoir des difficultés évidemment, qui vont évidemment complexifier le couple. »
Pour surmonter les défis de la neuroatypie de l’enfant, les deux parents doivent comprendre et accepter les troubles de leur enfant. Cela inclut la reconnaissance des besoins spécifiques et l'engagement à travailler ensemble pour y répondre. 

Enfants atypiques et risques accrus de burn-out parental

Si le burn-out parental ne concerne pas que les parents d’enfants atypiques, leurs difficultés sont néanmoins majorées et donc le risque plus grand. « On a du stress financier, on a des quotidiens qui sont quand même complexifiés, que ce soit à cause des rendez-vous, des organisations, des comportements », témoigne Mélanie Jean-Naudin. « On passe une heure et demie à reprendre les cours de son enfant tous les soirs pour qu’il puisse les relire. On a des contraintes majorées, malgré tout, quel que soit le trouble. »

Et cette accumulation peut devenir invivable, si l’on n’y prend pas garde. « On passe en mode survie et le mécanisme classique du burn-out avec un détachement des émotions s’enclenche. On a l’impression que les émotions se retrouvent enfermées dans une bulle. On s’en protège parce qu’à la base, il y a trop d’émotions négatives, trop de difficultés, trop de détresse. »

Malheureusement, ça coupe tout, ça ne filtre pas. On peut alors avoir l’impression que les émotions et les sentiments d’amour pour son enfant sont masqués. Et prendre soin d’un enfant, alors qu’on est coupé de ses émotions positives, ça peut amener au rejet. De telles émotions négatives, ce n’est pas anodin. D’autant pus que c’est tabou et qu’on peut difficilement dire autour de soi qu’on n’en peut plus de son enfant, qu’on ne l’aime plus.  Dire une fois de temps en temps, je n’en peux plus, c’est socialement toléré. Exprimer la permanence de ce sentiment, c’est impossible. 

L’aide d’un professionnel est alors essentielle, en plus des échanges avec d’autres parents. Une fois le mur de verre brisée, cette impression de rejet s’efface. C’est important d’avoir ça en tête, car les parents d’enfants atypiques vont toujours prendre soin de leur enfant en priorité et vont avoir des difficultés à caser des rendez-vous pour eux. Or pour aider son enfant à aller bien, il faut aller bien soi-même. 

Comment trouver du soutien quand on est parents d’enfants atypiques ?

Les éléments transversaux entre différents troubles

Bien que chaque trouble neurodéveloppemental ait ses propres spécificités, il existe des éléments communs qui permettent aux parents d'enfants atypiques de se comprendre et de se soutenir mutuellement

Mélanie Jean-Naudin explique : « Bien sûr que quand on a un enfant avec un TDAH et un trouble d'opposition et avec provocation et des problèmes de comportement majeurs, ce n'est pas la même chose qu'un enfant avec une dyslexie. [...] Par contre, il y a des choses qui vont être vécues vraiment de façon similaire... Toutes ces parties de doute, toutes ces difficultés à pouvoir parler de l'écart qui se créait avec les autres amies, toutes les remises en question de son éducation, entre autres, quoi qu'il arrive, les critiques de l'entourage, tout ça, ce sont des éléments qui sont communs. »

Le rôle des associations et des groupes de soutien

Les associations et les groupes de soutien jouent un rôle important dans le rassemblement des parents d'enfants atypiques, en offrant des ressources, des conseils et un espace pour partager des expériences proches. Souvent, les associations sont plutôt spécialisées dans un type de trouble. Pour Mélanie Jean-Naudin, plus elles sont générales, mieux c’est. Et puis, rien n’empêche de se rapprocher d’une organisation spécifique en lien avec l’atypie de son enfant et de trouver du soutien dans un autre type de groupe, en tant que parent. 

Les cafés parents et autres rencontres pour rassembler les parents d'enfants atypiques

Les cafés parents et autres types de rencontres permettent aux parents de sortir de leur isolement et de trouver du soutien parmi des personnes qui vivent des situations similaires. Ces rencontres offrent un espace de parole et d'écoute essentiel pour les parents d'enfants atypiques. Pour Mélanie Jean-Naudin, échanger avec d’autres parents qui vivent la même chose, avec des pairs, lors de cafés parents, dans des associations, etc. est important. Cela aide à relativiser… et qui sait, peut permettre d’éviter le burn out. 

Références : 

Parents d’enfants atypiques (HPI / TDA/H / Troubles Dys / TSA), et si on parlait de vous pour une fois ?, Mélanie Jean-Naudin, Autoédition, 2022


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